Retour sur 5 ans d’un ambitieux chantier

La Belle de Grignon, une flûte en chantier depuis 2013

Le chantier avance au rythme de cette joyeuse bande.

Au bord du canal d’Orléans, la vie des bateliers reprend petit à petit. Les membres de l’association Grignon au temps des mariniers s’affairent sur un chantier pas comme les autres : la construction d’une flûte berrichonne. Un projet fou mené par des passionnés amoureux de leur terroir.

Dans le port de Grignon, un colosse s’éveille. Fait de bois, il en impose : 27 mètres de long pour un poids de 20 tonnes. En 2017, il sera prêt à voguer sur les flots paisibles du canal d’Orléans. À son chevet, une dizaine de petites mains mettent du cœur à l’ouvrage. Ils portent, déposent, coupent, clouent et façonnent ce géant d’eau douce sous un abri XXL.

Ils mettent la main à la pâte. À la tête de cette équipe de passionnés, des charpentiers prénommés Jean-Jacques : Jean-Jacques Lapeyre, charpentier retraité, a plus de 300 escaliers à son palmarès. Il a choisi de prolonger son aventure dans le bois en relevant ce défi hors normes. “En 2009, je me suis embarqué avec les autres dans cette joyeuse galère, se souvient-il. On est tous bénévoles, chacun apporte sa compétence et il y a un vrai esprit de groupe.”

Jean-Jacques Garavoglia est toujours actif“Dès que je peux, je viens participer au chantier. Depuis le début, cela représente des centaines d’heures de présence mais je ne compte pas car c’est vrai plaisir d’être sur ce projet.”

Parmi les chevilles ouvrières, on trouve un chaudronnier, un traiteur, un maçon, un commercial, des charpentiers… de vrais bricoleurs qui, pour certains, n’hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour donner un coup de main et faire avancer le chantier. L’équipe compte une dizaine de membres très actifs qui se retrouvent avec un plaisir non dissimulé autour de cet objectif commun : faire revivre le port de Grignon grâce à la flûte berrichonne. Jean-Jacques Lapeyre lui pense tous les jours à cette Belle de Grignon. “C’est un véritable bouillon de culture parce qu’on n’a pas de plan au départ. Alors on teste le bois et on découvre de nouvelles techniques tous les jours”, s’émerveille le retraité.

Lentement mais sûrement. Le chantier avance malgré des conditions météorologiques parfois difficiles pour le printemps. Le froid est prenant dans cet espace ouvert aux quatre vents mais où le sourire est omniprésent. Le café est d’ailleurs un allié fidèle, bien installé dans la cabane où s’expose la maquette de la flûte. Il réchauffe les corps et apaise les mains qui s’échinent. Les hommes se donnent sans compter autour de ce projet fédérateur de la commune de Vieilles-Maisons-sur-Joudry. Toutes les bonnes volontés sont mises à contribution. Les bricoleurs autant que les hommes de lettre et d’images. Ainsi depuis le début de cette épopée, une autre équipe accompagne le chantier en réalisant un travail de recherche très précieux sur l’histoire de Grignon et capte chaque image du chantier pour enrichir le film qu’il réalise et constituer ainsi un souvenir durable de cette aventure.

Le chantier avance au rythme de cette joyeuse bande. “On n’a pas de délai”, poursuit Jean-Jacques Lapeyre, “même si je pense que l’on aura terminé en 2017.” Chi va piano va sano ! Et la Belle de Grignon est un admirable exercice de patience. Des planches sont posées dans le fond de l’embarcation en alternance afin de laisser sécher le bois. Chaque coup de marteau est calculé, chaque intention est réfléchie avant de passer à l’étape suivante. Un travail de longue haleine qui commence à prendre forme.

Baptême prévu en 2018. Entamé début 2013, le chantier progresse. On devine la carcasse de cette flûte berrichonne qui se dessine au gré des coups de maillet. Un projet fou qui ne s’improvise pas. Les membres de l’association Grignon au temps des mariniers se relaient autour de leur projet. Dehors, le bois sèche. 42 m3 prêts à être découpés, façonnés entre les mains expertes des bénévoles. Mais les bases sont solides ; en témoignent la cabane où trône fièrement la maquette de la Belle de Grignon ou encore le bachot (barque) qui attend sur le quai pour rejoindre son embarcation principale. D’ici quelques années, elle devrait être fin prête pour voguer sur les flots tranquilles du Canal d’Orléans. Il ne restera alors qu’à la mettre à l’eau pour faire revivre le port de Grignon, un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître…

En chiffres

  • 27 m, c’est la longueur de la péniche
  • 20 tonnes représentent le poids total de cette flûte
  • 5 ans, c’est le temps estimé de la construction de ce bateau
  • 100 000 euros, le montant des achats nécessaires pour mener à bien ce projet

Liens
FRANCE 3 CENTRE-VAL DE LOIRE : A la fin du 17ème siècle, à l’époque des canaux et de leur fabrication, un petit village en lisière de la forêt d’Orléans, devient le centre stratégique de la navigation fluviale entre province et Paris.

voir l’article ….FR3 : Port Grignon… un voyage dans le temps